Monuments disparus

Barèges : La Kouba

Accueil. Revenir à la page "Monuments détruits".

Vers 1900, une villa mauresque, surnommée « La Kouba » attirait les regards. Nombreux étaient les curieux venant la visiter.

La Kouba avait été construite vers 1890 par Bernard Dat, un personnage haut en couleurs. L’idée de la Kouba lui était venue suite à un voyage en Algérie avec le baron de Lassus (château de Montréjeau). C’était devenu la résidence d’été de M. Dat.

Bernard Dat

Bernard-Honoré Dat (1849-1930), né à Luz, était un magistrat. D’abord juge de paix à Saint-Pé, il devint ensuite juge à Luz. Comme son père, magistrat également, Dat était passionné de chasse. Il était le symbole des chasseurs d’isards sur les cartes postales de 1900. A 12 ans, il tua son premier isard et à 16 ans son premier ours (sur une quinzaine à son actif). A cette époque, les grands chasseurs étaient admirés de tous… Il portait la barbe fournie et une veste aux mille poches. Bernard Dat ne dédaignait ni les photographies ni les soirées mondaines, contrairement à ses apparences d’homme sauvage et rude. Il organisait à Barèges, depuis sa « Kouba » des parties de chasse réputées, souvent avec des notables de sa connaissance. Il est mort à Sère (Esquièze) le 15 octobre 1930 et a été inhumé à Luz. C’était un personnage excentrique à l’esprit vif, ami de Packe, Russel, Frossard, Schrader, de Lassus, Le Bondidier grands pyrénéistes. Il était le symbole de l’amour de la vallée de Barèges, un vrai « Toy ».

Bernard Dat, sous l’auvent de la Kouba, en compagnie des magistrats de Lourdes, en 1899.

Photos inédites de 1901

Photos de la kouba

Sur cette photo, on lit : « Siège du Ski-Club ».

La Kouba, un peu décrépie. Bernard Dat est déjà bien âgé. Kouba veut dire coupole en Algérie. Il est écrit sur la façade « le palais de la gazelle », le mot isard n’existant pas en arabe (merci à Madjid pour cette précision).

On ignore l’année de destruction de la Kouba (merci de nous renseigner). Ce que l’on sait, c’est qu’elle apparaît encore sur ce cliché de l’avalanche du 24 mars 1939.

Bernard Dat, tenant des skis : c’est un peu l’histoire de Barèges.

Revenir à la page "Monuments détruits".

Emplacement de la Kouba.

La Kouba se trouvait sur l’actuelle rue de Madame de Maintenon. Elle a été remplacée par un chalet de style alpin (point rouge sur le photo) - image Google.

Nécrologie, Bulletin Pyrénéen n° 199,01-01/1931, pp. 324-325.

Journal de Cauterets, 1900-1901

PYRENE, G. Une visite de Dat à M Gaurier au lac Bleu, Bulletin Pyrénéen n° 159,01-03/1922, pp. 269-273.

Dans la presse d’autrefois

Céline Bonnal, grande spécialiste de cette vallée, a déniché quelques articles de presse évoquant Bernard Dat. Elle a eu l’amabilité de les partager avec nous :

Dimanche 25 août, des courses de chevaux auront lieu a Luz. Il est question aussi d'une fête populaire qui sera donnée dans le parc et l'établissement de Barzun. M. Dat en serait le principal organisateur. A propos de M. Dat, cet intrépide chasseur a déniché un magnifique aiglon des Pyrénées, vers le Néouvielle; ce farouche Carnivore a des serres de 0 m. 09 de longueur; il est apprivoisé, il suit son maître à la parole et se laisse manier par les enfants.


Nouvelles de la vallée, 18/08/1889

LA FÊTE DE HÉAS

Le baptême de la nouvelle cloche de Héas avait attiré, dimanche dernier, une énorme affluence aux portes du cirque de Troumouse. Nos montagnards se seraient bien gardés de manquer au rendez-vous qui leur était donné près d'un sanctuaire qu'ils vénèrent. Nos hôtes étaient curieux aussi d'assister à une de ces fêtes où éclate l'enthousiasme de nos vallées.La journée, d'ailleurs, est magnifique. La chapelle de Héas est ornée partout d'oriflammes et de banderolles aux couleurs de la Vierge; au-dessus flotte un immense drapeau tricolore.

Suspendue au dessus du perron de l'édifice sacré, la cloche est superbement parée de sa robe baptismale. D'un côté, le sympathique baron Bertrand de Lassus, donnateur et parrain; de l'autre une charmante demoiselle

représentant la marraine, marquise de Castelbajac.

Le chant des vêpres est terminé. Monseigneur l'archévêque de Bordeaux prononce une délicate et touchante allocution ; puis,assisté de son vicaire général et de M. Abadie, doyen de Luz, il procède au baptême.Dans l'assistance, nous voyons : le comte de Bégé, le comte d'Astorg que son affabilité arendu si populaire parmi nos montagnards; MM. Lourde-Rocheblave et Teyssère, deux membres des plus actifs du Club Alpin, section du Sud-

Ouest. Une nuée de photographes ont braqué leurs appareils. Notre compatriote, le peintre Capdevielle a pris, lui, ses crayons.

La cérémonie terminée, la foule se répand dans les environs. Après diner, vers 7 heures et demie, lancement très réussi d'un ballon ; à 8 heures, embrâsement général des montagnes qui entourent Héas. C'est absolument féérique.Un très beau feu d'artifice est ensuite tiré, et une retraite aux flambeaux clôture cette belle fête où rien n'a été oublié de la religion et de la patrie.

N. B. — Notre ami, le très original B. Dat avait emporté à Héas sa tente des grandes excursions. Cet abri commode.... par le beau temps, a servi de succursale à l'hôtel de la Munia. Ajoutons que M. Dat, vrai Michel

Morin, a joué, dans la fête un rôle très actif comme décorateur et comme artificier. F.


Nouvelles de la vallée, 31/07/1892